Aujourd'hui synonyme de fraîcheur et de pureté, le vin blanc est né voilà plusieurs millénaires. Pourtant, sa grande diversité peut parfois être complexe à appréhender pour le néophyte.
Afin de vous éclairer au mieux sur le sujet, vous trouverez donc dans cet article toutes les clés pour mieux comprendre l'univers du vin blanc. De ses origines à sa méthode de fabrication en passant par ses principaux styles, celui-ci n'aura plus aucun secret pour vous après cette lecture !
À l'origine du vin blanc
D'après les traces archéologiques dont nous disposons, les premiers vins produits par l'Homme auraient été réalisés voilà plus de 8 000 ans dans le Caucase (Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan etc.). Si les fouilles n'ont toujours pas permis de révéler de quel type de vin il s'agissait, il serait logique de penser que celui-ci était blanc, étant donné sa plus grande facilité de production en comparaison au vin rouge.
En effet, que les raisins aient la peau rouge ou blanche, ces derniers contiennent généralement un jus blanc. Par conséquent, si leurs baies sont directement pressées (sans macération donc), cela permettra la production d'un vin blanc, peu importe la couleur de peau du raisin !
Si nous ne sommes pas certains de la couleur des premiers vins produits par l'Homme, la présence de vin blanc est néanmoins bien établie dès l'Égypte antique, soit déjà plus de 3000 ans avant notre ère. Sa consommation est également attestée en Grèce antique (1500 av. JC à 323 av. JC) ainsi que chez les Romains (27 av. JC jusqu'à 476).
En France, suite à l'effondrement de l'Empire Romain, ce sont les moines qui reprennent les vignobles délaissés. Les religieux fabriquent alors du vin pour les besoins de leurs abbayes. À l'époque, le vin bu pour la messe peut être indifféremment rouge ou blanc mais à partir du XIIIe siècle, seul le vin blanc est utilisé afin de préserver la pureté de la nappe de l'autel ainsi que des linges liturgiques.
Avec la christianisation progressive du pays, les besoins augmentent. À partir du IXe siècle, les seigneurs investissent également dans la vigne afin de disposer de leur propre production ainsi que pour montrer leur appartenance à une certaine élite sociale.
En avançant dans le Moyen-Âge, la consommation de vin se démocratise. Celui-ci est alors bu en grande quantité par les gens du peuple (jusqu'à 3L par jour en moyenne, femmes et enfants compris !). Tout au long de cette période médiévale, le vin consommé est alors principalement blanc, le rouge n'existant alors pas encore à proprement dit (voir notre article sur le vin rouge). En effet, ce n'est qu'à partir du XIIIe siècle que ce dernier commencera à gagner en notoriété pour finalement supplanter en volume le vin blanc au XVIIe siècle.
Depuis cette époque, et encore aujourd'hui, le rouge est resté majoritaire. En effet, en France, la production moyenne de vin est d'environ 46% de vins rouges, 34% de vin rosés et 20% de vins blancs. Néanmoins, il est à noter que depuis quelques années, le vin rouge perd de sa superbe, les consommateurs recherchant plus de légèreté et de fraîcheur.
Un retour du vin blanc en force serait-il à prévoir ?
Comment fabrique-t-on du vin blanc ?
À présent que l'histoire du vin blanc est plus claire pour vous, attaquons-nous désormais à sa fabrication ! Afin de mieux comprendre comment celui-ci est réalisé, découvrons ensemble les étapes clés de sa production.
Les vendanges
Les vendanges sont la première étape pour la réalisation de n'importe quel vin. Il s'agit tout simplement de récolter les raisins lorsque ceux-ci arrivent à maturité. Cette opération peut se faire manuellement ou mécaniquement.
Pour des vins de qualité supérieure, les raisins sont triés sur table afin d'éliminer les baies pas assez mûres ou pourries.
Égrappage (ou éraflage)
Après avoir été vendangées, les baies sont par la suite égrappées.
Cette étape consiste à séparer les raisins de leur rafle, structure ligneuse et végétale formant le squelette de la grappe.
Si cette opération est facultative, elle est très généralement pratiquée car la rafle contient de nombreux tanins végétaux peu nobles.
Foulage
Les baies de raisin sont par la suite éclatées afin d'en extraire le jus : c'est le foulage.
Cette étape est elle aussi facultative. En effet, certains vignerons décident de presser directement les raisins sans les fouler afin d'en récolter le jus, cela permettant notamment de limiter les risques d'oxydation ainsi que de produire des vins plus purs et délicats.
Macération
Contrairement au vin rouge, la macération est elle aussi une étape facultative pour le vin blanc. En effet, dans la majeure partie des cas, celle-ci est non réalisée pour un vin blanc afin de préserver la couleur pâle du jus. Par ailleurs, lorsque celle-ci est faite, elle ne dure alors pas plus de quelques heures.
En effet, une courte macération peut être bénéfique pour certains cépages aromatiques comme le Sauvignon ou le Muscat, permettant alors au futur vin de gagner en intensité aromatique ainsi que de développer une certaine matière.
Encore une fois, cela est un choix propre au vigneron selon le type de vin que ce dernier souhaite réaliser.
Pressurage
Le pressurage est l'étape consistant à presser mécaniquement les raisins afin d'en récolter tout le jus. Pour le vin blanc, cette phase intervient souvent directement après l'égrappage, les étapes de foulage et de macération étaient plus rarement pratiquées.
C'est un moment décisif ainsi qu'une opération délicate pour le vigneron. En effet, la presse doit être habilement mesurée. Le cas échéant, certaines parties solides (peaux, pépins, rafles) pourraient apporter des arômes peu nobles au futur vin.
Fermentation alcoolique
Une fois le pressurage effectué, voici venu le moment de la fermentation alcoolique. Sous l'action de levures (champignons microscopiques) naturellement présentes ou ajoutées par le vigneron, les sucres vont alors être transformés en alcool : c'est le moment où le jus de raisin devient vin !
Pour le vin blanc, cette étape se réalise dans une plage de température se situant entre 12 et 22°C et dure généralement entre 4 et 15 jours. Si la fermentation alcoolique est habituellement réalisée dans des cuves en acier inoxydable, elle peut également se faire en fûts de chêne ou dans d'autres contenants (fûts, amphores etc.).
Élevage & fermentation malolactique
À la suite de la fermentation alcoolique, le moment est venu d'imposer une période de repos au vin, permettant à ce dernier de se stabiliser, de développer ses arômes et parfois de lui en donner de nouveaux.
En effet, si l'élevage d'un vin blanc peut avoir lieu en cuve inox, ne communiquant alors pas d'arômes additionnels au vin, celui-ci peut également être réalisé en fûts de chêne, conférant alors des notes épicées (vanille, clou de girofle, poivre, cannelle etc.) ainsi qu'une matière plus dense au vin grâce au contact prolongé avec l'oxygène.
Un autre type de fermentation peut également avoir lieu durant l'élevage. Le vinificateur peut en effet choisir de déclencher ou non la fermentation malolactique (FML).
Durant ce processus naturel déclenché par une hausse des températures, des bactéries lactiques convertissent l'acide malique en acide lactique. Pour le dégustateur, cela se traduira dans son verre par un vin à la matière plus grasse ainsi qu'une acidité moins présente. Cette fermentation est plus souvent pratiquée dans les régions septentrionales afin de donner un profil plus consensuel aux vins produits.
Soutirage, filtrage et embouteillage
Après l'élevage, le vin blanc est soutiré : on le passe alors d'un contenant à un autre afin d'en éliminer les lies (levures mortes) ainsi que d'autres dépôts non désirables. On peut également le filtrer afin d'améliorer sa limpidité ainsi que sa stabilité.
Embouteillage du vin
Enfin, notre vin est finalement mis en bouteille. Suite à cette "mise", le vigneron garde généralement le vin quelques semaines en cave afin de le stabiliser définitivement, puis le met enfin officiellement en vente.
Les différents styles de vin blanc
S'il existe de nombreuses manières de classer les vins blancs comme par prix, appellations ou cépages (n'hésitez d'ailleurs pas à lire notre article sur les principaux cépages de vin blanc), nous avons ici fait le choix de lister les principaux styles ou catégories que vous croiserez lors de vos dégustations.
Les vins blancs minéraux
Comme leur nom l'indique, le profil aromatique des vins blancs minéraux évolue en premier lieu sur la minéralité. Mais alors, comment définir cette notion si souvent employée ?
Et bien, un vin blanc est décrit comme minéral lorsqu'il présente des arômes que l'on identifie à la craie, au silex, à la coquille d'huitre, ou encore à la pierre à fusil. La notion de "roche" est donc ce qui relie le vin blanc à cette notion minérale.
Plusieurs cépages expriment assez naturellement ce type d'arômes. On pense notamment au Chardonnay sur certains terroirs frais comme sur Chablis, au Riesling en Alsace, au Sauvignon au sein de la Loire ou encore au Vermentino plus au sud.
Le type de sols ainsi que la vinification sont également des éléments clés pouvant faire ressortir la minéralité d'un vin.
Les vins blancs fruités
Pour les vins blancs fruités, les arômes d'agrumes (citron jaune, citron vert, pamplemousse), de pomme verte, pêche, poire ou encore abricot sont les plus communs.
Les vins où la notion de fruit apparaît comme la plus importante dans l'aromatique sont généralement des vins de plaisir destinés à être bus dans leur jeunesse. C'est en effet durant cette période que les arômes fruités sont les plus intenses et agréables pour le dégustateur.
Certains cépages comme le Gewurztraminer, le Chenin ou le Gros Manseng expriment par exemple de merveilleux arômes fruités.
Les vins blancs de copains
Les vins de copains sont des vins de pur plaisir destinés à être bus dans leur jeunesse. Ce sont donc des cuvées simples, fruitées et plaisantes que l'on appelle ainsi car on les imagine aisément être partagées entre amis, en toute simplicité.
Le Languedoc-Roussillon, la Loire, le Sud-Ouest ou encore la Vallée du Rhône sont par exemple d'excellentes régions pour trouver ce style de vin bien que toutes les régions de France en regorgent pour qui sait fouiller au bon endroit !
Les vins blancs boisés
Les vins boisés sont tout simplement des vins ayant connu un élevage en fûts. Cet élevage va marquer les vins en leur donnant des arômes boisés et épicés comme la vanille, la cannelle, le clou de girofle ou encore la noix de coco.
Ce type de vin est souvent apprécié car ces cuvées présentent une matière grasse, des notes beurrées ainsi qu'une acidité plus faible, les rendant particulièrement gourmandes.
Si les vins blancs de Bourgogne à base de Chardonnay sont souvent connus pour ce types d'arômes (AOC Meursault, Chassagne-Montrachet, Pouilly-Fuissé etc.), de nombreuses autres régions et cépages en permettent également la production. On peut par exemple penser à certains Vermentino de Provence ou encore aux vins blancs de Châteauneuf-du-Pape.
Les vins blancs de garde
Les vins de garde sont des cuvées pouvant évoluer positivement en bouteille durant plusieurs années et parfois même plusieurs décennies.
Il n'existe pas de profil aromatique type de vins blancs de garde. Certains sont en effet élevés en cuve inox et possèdent une importante acidité (Riesling d'Alsace ou Sauvignon de Loire sur des appellations comme Sancerre ou Pouilly-Fumé) tandis que d'autres sont vieillis en fûts de chêne et présentent une matière beurrée.
En tous les cas, l'acidité naturelle d'un vin, la qualité de son terroir et de sa vinification ainsi que le type d'élevage effectué sont autant d'éléments décisifs pour construire un vin blanc de garde.
Les vins blancs doux
Les vins blancs doux sont tout simplement des vins contenant du sucre résiduel. Dans la grande majorité des cas, ce sucre provient directement des raisins vendangés. C'est par exemple le cas des Sauternes à Bordeaux, de certains Vouvray dans la Loire ou encore de vins sur des appellations comme Muscat-de-Rivesaltes où la fermentation alcoolique est volontairement stoppée grâce à un ajout d'alcool afin de conserver les sucres présents.
Les vins moelleux ou doux présentent régulièrement des arômes de fruits confits, de miel, d'épices douces et sont particulièrement adaptés au moment du dessert.
Une échelle de sucrosité définit officiellement les vins allant de sec à doux en passant par demi-sec et moelleux. Si vous souhaitez plus de détails, n'hésitez pas à lire notre article sur la différence entre un vin moelleux et un liquoreux !
Les meilleurs vins blancs
Bien qu'il soit très complexe de donner une liste exhaustive des meilleurs vins blancs, La Cave Éclairée vous a ici sélectionné 10 références en provenance de toutes les régions de France et allant du vin de copains au grand vin de garde. Tous ont néanmoins un point commun : leur qualité !
- Loire - Bernard Fleuriet & Fils - Menetou-Salon blanc
- Loire - Domaine François & Julien Pinon - Vouvray sec
- Bordeaux - Château Saransot-Dupré - Bordeaux blanc
- Alsace - Domaine Boehler - Riesling Holderhurst
- Bourgogne - Domaine Cheveau - Mâcon-Solutré-Pouilly - Sur le mont
- Bourgogne - Domaine Decelle & Fils - Hautes-Côtes de Beaune Les Champlains blanc
- Bourgogne - Domaine Garnier & Fils - Chablis
- Rhône - Domaine Pierre Usseglio - Châteauneuf-du-Pape - Première Pierre blanc
- Provence - Château Sainte-Marguerite - Côtes-de-Provence - Fantastique blanc
- Sud-Ouest - Alain Brumont - Pacherenc du Vic-Bilh - Le Blanc
Vous voilà fin connaisseur (ou connaisseuse) du vin blanc ! Il ne vous reste désormais plus qu'à découvrir les styles de vin ainsi que les cépages correspondant à vos goûts. À ce titre, et si vous avez besoin de conseils, La Cave Éclairée se tient toujours à votre disposition. Santé !
