Voici une question qui revient (très) régulièrement ! Il faut dire que la multiplication des labels n’aide franchement pas le consommateur à s’y retrouver...AB, HVE, Terra Vitis, Biodyvin, Demeter...suivez le guide afin de mieux saisir les différences entre toutes ces méthodes de culture ainsi que leurs labels.
Les vins conventionnels
L’agriculture dite « conventionnelle » est aujourd’hui la plus répandue en France et représente près de 80% du vignoble. Celle-ci autorise les vignerons à employer de nombreux produits chimiques à la vigne (pesticides de synthèse, engrais non bio etc.) et durant la vinification (levures non bio, différents types d’acides, tanins œnologiques etc.). De très nombreux intrants peuvent ainsi être utilisés afin de corriger les possibles défauts d’un vin. De plus, les doses maximales autorisées de dioxyde de soufre (les fameuses sulfites), utilisé pour mieux conserver les vins, sont plus élevées en comparaison à l'agriculture biologique ou biodynamique.
Il est cependant important de ne pas faire de généralité. Si certains groupes industriels ou vignerons peu regardant utilisent ces produits par habitude ou par volonté de produire plus, cela ne signifie pas pour autant que tous les domaines en agriculture conventionnelle sont dans ce cas, loin de là.
En effet, la plupart des propriétés viticoles utilisant ce mode de culture se définissent comme pratiquant une « agriculture raisonnée ». Sans rentrer dans trop de détails, cela exprime la volonté du vigneron ou de la vigneronne de limiter le nombre d'intrants et de trouver un équilibre entre respect de la nature et production.
Les principaux labels correspondant à ce type d’agriculture sont « Terra Vitis » et « HVE » (Haute Valeur Environnementale). Si certains considèrent ces derniers comme une forme de « greenwashing », on peut aussi les percevoir comme un premier pas vers le bio.
Les vins biologiques
L’agriculture biologique représente à date environ 19% du vignoble français et connaît une croissance importante depuis maintenant plusieurs années. Celle-ci impose notamment des règles de conduite plus strictes à la vigne mais également à la vinification (ce qui n’était pas le cas avant 2012).
En effet, à la différence de l’agriculture conventionnelle, les pesticides de synthèse sont ici strictement interdits et les doses maximales autorisées de sulfites sont également limitées en comparaison à l'agriculture dite "classique" (-25% pour les blancs et -33% sur les rouges). De plus, le nombre d'intrants pouvant être utilisés durant la vinification est également réduit et ceux-ci doivent bien évidemment obligatoirement avoir la certification bio.
Attention cependant : l’agriculture biologique n’est pas une méthode zéro pesticide. En effet, il faut bien faire la distinction entre les pesticides de synthèse (issus de la chimie) et les pesticides naturels (d'origine végétale, animale ou minérale). En bio, seuls ces derniers sont autorisés. Certains traitements utilisés font d'ailleurs débat, notamment l'utilisation de la bouille bordelaise et donc de cuivre, un fongicide ne se dégradant pas dans l'environnement. Enfin, la certification bio ne prend pas en compte le bilan carbone des domaines, point sur lequel certains vignerons en agriculture raisonnée sont parfois plus avancés.
Néanmoins, il est très largement admis que de conduire un vignoble en agriculture biologique est bien plus respectueux pour l'environnement que de suivre la voie conventionnelle. Cela permettant en effet de mieux préserver la vie des sols, de moins polluer les nappes phréatiques ou encore de préserver la santé humaine grâce à une consommation plus saine (sans compter les bienfaits pour les travailleurs de la vigne ou les riverains).
Les vins biodynamiques
La biodynamie ne représente qu’une toute petite partie de la réalité de la viticulture française : seulement 1% des surfaces ! Les 2 labels la certifiant sont « Demeter » et « Biodyvin ». Demeter est bien souvent le label le plus visible tandis que Biodyvin se veut plus élitiste en sélectionnant ses adhérents à travers des dégustations pour également valider la qualité des cuvées proposées.
Les origines de la méthode biodynamique remontent aux années 1920 où elle fut théorisée par Rudolph Steiner. L’idée générale étant pour le vigneron ou la vigneronne d’être le moins interventionniste possible et de faire de son vignoble un espace vivant en symbiose totale avec son environnement. Les traitements à la vigne se font donc par doses homéopathiques de produits naturels et suivent le calendrier lunaire. Dans cette logique, tous les intrants chimiques sont donc bannis en viticulture comme en vinification. Seul le dioxyde de soufre peut être utilisé mais dans des doses encore plus restreintes qu’en agriculture biologique.
La biodynamie peut cependant parfois être critiquée car ses origines ne reposaient initialement sur aucun fondement scientifique. En effet, Rudolph Steiner n’était ni agriculteur, ni vigneron, et sa méthode est remplie de considérations ésotériques, philosophiques, voire magiques ! C'est pourquoi beaucoup de vignerons suivant les préceptes biodynamiques s'attachent avant tout à suivre les points les plus concrets et réalistes développés par celui-ci.
Quoi qu'il en soit, et avec quelques modestes années de dégustation professionnelle au compteur, je constate de manière générale que lorsque le terroir et le matériel végétal sont de qualité et lorsque le vinificateur est compétent, la biodynamie permet généralement une expression beaucoup plus précise des vins et leur donne une réelle identité. Je peux néanmoins tout à fait comprendre que certaines cuvées puissent surprendre des palais non initiés !
Les vins natures
Enfin, quant au vin nature, celui-ci va encore plus loin que le bio ou la biodynamie en interdisant purement et simplement tous les intrants à la vigne comme au chai. Seul le dioxyde de soufre (SO2) est autorisé en quantités minimes mais encore plus basses que celle autorisées en biodynamie.
Au sein de cette catégorie des vins natures, on retrouve pour finir les vins S.A.I.N.S (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite), ces derniers reprenant les préceptes de la philosophie nature mais prohibant quant à eux totalement l'utilisation de sulfites pour faire du vin un produit sans presque aucun artifice humain ou chimique.
Conclusion
Vous l’aurez compris, la nuance est bel et bien de mise dans le vin et la réalité est parfois plus complexe qu’un simple label. Néanmoins, le fort développement du bio et dans une moindre mesure de la biodynamie va à mon sens dans la bonne voie afin de retrouver une viticulture saine, exprimant un terroir et une identité tout en respectant la nature comme les hommes (vignerons et consommateurs).
N’hésitez donc pas à faire appel à La Cave Éclairée afin de vous guider dans vos choix : une belle sélection de vins bio et biodynamiques de qualité est en effet au rendez-vous chez votre caviste en ligne préféré !
1 commentaire
Super article ! C’est précis et simple à comprendre pour les mecs qui boivent sans trop savoir comme moi ! dur de bien faire la différence entre bio/biodynamie/nature, c’est parfaitement expliqué.
Longue vie à la Cave.