S'il y en a un qui ne se plaint pas du réchauffement climatique, c'est bien lui ! Tous les ans, il réapparait aux premiers rayons de soleil lorsque l'envie de se rafraîchir devient pressante. Mais le rosé ne mérite-il pas mieux que cette étiquette de vin peu sérieux mais désaltérant ? (spoilers : oui !).
Tour d'horizon des idées reçues et des méthodes de fabrication du rosé.
Les idées reçues sur le rosé
1) Le rosé, un mélange de vin rouge et de vin blanc : NON ! Cela est strictement interdit partout en France à l'exception près de la Champagne où un petit pourcentage de vin rouge de l'AOC peut venir compléter des vins blancs dans l'optique de produire du Champagne rosé.
2) Le rosé pâle est plus léger que le rosé foncé : FAUX ! La couleur du rosé ne renseigne en aucun cas sur ses arômes, sa puissance ou sa teneur en sucre. Elle dépend en premier lieu des cépages utilisés et est principalement un code d'apparence dépendant de la durée de contact entre le jus des raisins et leurs peaux. Les vignerons peuvent la contrôler même si sa précision et régularité demande une bonne maîtrise technique.
3) Le rosé, un vin qui n'a pas d'histoire : FAUX ! C'est assez ironique car le rosé serait en fait l'un des tout premiers vins de l'histoire ! En effet, durant l'Antiquité, les vins produits étaient vraisemblablement faiblement colorés et pouvaient s'apparenter à ce que nous appelons aujourd'hui "rosé". Ce n'est que vers le XIIème siècle qu'une majorité de vignobles (à l'exception de la Provence) se tournera vers la production de vins dits "rouges".
4) Le rosé, il faut seulement boire le dernier millésime : FAUX ! Si la majorité des rosés produits de nos jours ne sont effectivement pas destinés à la garde, cela n'empêche absolument pas de pouvoir les garder au minimum 2 à 3 ans (dans de bonnes conditions) et de pouvoir les apprécier à leur plein potentiel...sans compter certains rosés vineux de caractère capables d'une garde de 5 à 10 ans ou plus comme celui du Château Simone ! Après ces quelques années d'évolution, vos vins s'orienteront vers des arômes un peu moins variétaux (fruits frais) et les épices ressortiront généralement plus dans l'aromatique générale.
5) Le rosé, un vin d'apéritif qui se boit durant l'été : ENCORE FAUX ! Comme vu, certains rosés sont capables d'une longue garde et sont de parfaits compagnons de gastronomie ! Par ailleurs, de plus en plus de personnes viennent garnir les rangs d'une clientèle amatrice de rosé tout au long de l'année.
Maintenant que vous avez (peut-être) dépassé certains de vos préjugés, intéressons-nous aux différentes méthodes d'élaboration.
Les 3 méthodes de fabrication du rosé
-Le rosé de macération : Il est élaboré à partir de raisins noirs (comme tous les rosés) foulés (on fait éclater la baie) afin que les jus entrent en contact avec la peau des raisins. Ce sont en effet ces dernières qui contiennent les pigments colorants (anthocyanes) qui viendront donner sa coloration au vin. Cette macération (contact jus-peaux) peut aller de quelques heures jusqu'à 3 jours dans les cas les plus poussés. Par la suite, on presse les raisins afin de ne garder que les jus qui partiront en fermentation puis en élevage. Cette méthode produit des vins avec une coloration supérieure à la moyenne et permet de donner au vin des arômes plus fruités ainsi que de légers tanins, leur permettant généralement une garde plus longue.
-Le rosé de saignée : La méthode est similaire au rosé de macération à la seule différence que la cuve utilisée pour faire du rosé sera destinée à produire un vin rouge. On laisse donc également macérer le temps souhaité les jus avec les peaux et pépins avant de "saigner" la cuve pour ne récupérer que le jus nécessaire à l'élaboration du rosé.
-Le rosé de presse : C'est LA méthode la plus commune. Elle représente l'énorme partie des volumes produits chaque année en France et dans le monde. Elle consiste après la vendange à presser directement les raisins sans les laisser en contact avec leurs peaux. Les teintes obtenues seront ainsi très pâles et inspireront fraîcheur et délicatesse aux consommateurs.
Le marché du rosé
Si le rosé fut longtemps délaissé par manque de considération et par son renouveau historique relativement récent, les temps ont bien changé ! Il est aujourd'hui produit partout à travers le monde : de la France (Loire, Bordeaux, Languedoc-Roussillon, Provence, etc.) en passant par l'Espagne jusqu'aux États-Unis et cela n'est pas près de s'arrêter ! C'est en effet le seul vin à avoir augmenté ses ventes durant le confinement. De 2002 à 2018, elles ont tout simplement bondi de 40% ! Cette explosion s'explique tout d'abord par l'évolution des mentalités : les anciennes générations qui dénigraient parfois le rosé ont fait place aux plus jeunes permettant sa totale démocratisation. Il faut dire que celui-ci a de sérieux atouts : léger, frais, facile à boire et souvent peu cher…
Les viticulteurs ont su surfer sur la tendance et faire de la France le premier pays producteur, consommateur et exportateur au monde avec la Provence en tête de file (et sa principale AOC Côtes-de-Provence), représentant 40% des rosés d'AOC français et produisant au sein de sa région près de 90% de vins rosés (pour plus d'1/3 exportés avec comme 1er client les États-Unis).
Néanmoins, si cette explosion du marché a permis à de nombreux domaines de se développer qualitativement et d'améliorer leur compréhension du terroir, beaucoup d'autres se sont orientés vers une production de masse afin de répondre à la demande. Espérons que les consommateurs sauront s'orienter vers les bonnes propriétés...
Alors, oubliez les rosés-pamplemousse et découvrez des vins rosés, qu'ils soient de soif ou de caractère. N'hésitez pas à faire appel à La Cave Éclairée pour vous guider dans vos choix !