Cognac et Armagnac sont deux eaux-de-vie françaises élevées en fûts de chêne (à l'exception de la Blanche d’Armagnac) et issues d'une même matière première, le raisin blanc. Néanmoins, chacune d'elle possède une identité propre et une histoire pluricentenaire très riche.
Voici un résumé qui vous permettra de mieux saisir l'unicité de ces 2 spiritueux.
Localisation, organisation & climat
300 kilomètres séparent Cognac et Armagnac. En effet, si ce dernier est produit dans le Sud-Ouest de la France, le Cognac est quant à lui originaire du Nord de Bordeaux, principalement des départements de Charente et Charente-Maritime.
Cette différence de localisation implique une différence climatique : le Cognac jouit d'un climat particulièrement océanique (pluviométrie plutôt élevée, variations thermiques annuelles faibles) tandis que l'Armagnac profite d'une zone plus continentale (pluviométrie plus faible, variations thermiques annuelles plus importantes).
D'un point de vue organisationnel, l'AOC Cognac est répartie en 6 crus : Grande Champagne, Petite Champagne, Borderies, Fins Bois, Bons Bois et Bois Ordinaires. Les crus les plus prisés étant ceux situés autour de la ville de Cognac : Grande Champagne & Petite Champagne.
L'AOC Armagnac est quant à elle composée de 3 sous-régions : Bas Armagnac, Haut Armagnac et Armagnac Ténarèze.
Ces distinctions furent créées du fait des légères différences de terroir ainsi que de la qualité des eaux-de-vie produites. Attention néanmoins à ne pas faire trop de généralités, la qualité du produit final dépendant plus de la qualité du vignoble et du savoir-faire du distillateur que d'une quelconque notion de cru.
Comparaisons chiffrées
Comparer les marchés de l'Armagnac et du Cognac, c'est un peu comparer David et Goliath.
En effet, si la superficie viticole Cognaçaise est de 75 000 hectares, l'Armagnac en couvre seulement 15 000, 5 fois moins donc. Par ailleurs, le marché du Cognac représente environ 3.5 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour quasiment 200 millions de bouteilles. À côté de ces chiffres, l'Armagnac parait bien petit avec une production artisanale de 6 millions de bouteilles (30 fois moins) et un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros (85 fois moins). Enfin, si le Cognac est un marché résolument tourné vers l'export (98% de ses volumes), la France représente encore 50% du marché armagnacais.
Cependant, les différences entre ces 2 eaux-de-vie ne sauraient se résumer à une guerre chiffrée. En effet, chacun de ces spiritueux possède une histoire unique, un procédé de distillation distinct ainsi que des terroirs et des marqueurs gustatifs différents.
Histoire du Cognac et de l'Armagnac
Cognac : Dès le XVème siècle et grâce au fleuve Charente, des vaisseaux hollandais viennent régulièrement s'approvisionner en vins de la région. Ces derniers supportent néanmoins mal les longs trajets en mer. Pour remédier à ce problème, les Hollandais décident alors de distiller ces vins. Ils le font tout d'abord en Hollande et nomment le produit "brandwijn" (vin brûlé) qui donnera plus tardivement "brandy", eau-de-vie de vin. Ils installeront par la suite des alambics en Charente, ce qui permettra au produit de voyager sous forme d'eau-de-vie inaltérable.
Au XVIIIe siècle, le marché commence à s'organiser et c'est durant cette période que la plupart des grandes maisons sont créées : Martell (1715), Rémy Martin (1724), Hennessy (1765) etc. En 1860, sous l'impulsion de Napoléon III et grâce à la signature d'un traité de commerce entre la France et l'Angleterre, le Cognac débute une ascension fulgurante.
Historiquement, le Cognac a donc toujours été un produit d'exportation : d'abord pour les Hollandais, puis pour nos amis Anglais. Aujourd'hui encore, sa production est exportée vers 160 pays avec comme client n°1 les États-Unis. Par ailleurs, à la différence de l'Armagnac, le Cognac est un marché très concentré : le top 4 des maisons de négoce (Martell, Rémy Martin, Hennessy, Courvoisier) représente 90% du marché !
Armagnac : D'un point de vue historique, l'Armagnac est plus ancien que le Cognac. Le spiritueux est d'ailleurs considéré comme le plus ancien de France grâce à des écrits datant de 1310. On l'appelle alors "Aygue Ardente" (soit eau-de-vie, tout simplement).
Si le XVème siècle marque le début de sa commercialisation, c'est au XVIIIe siècle que l'essor du marché débute. À cette époque, les Hollandais (encore eux !) remontent la Garonne et concluent leur premier contrat avec des vignerons du Gers pour l'achat de vins. Craignant la concurrence, les Bordelais interceptent les convois qui descendent le fleuve sous prétexte qu'aucun vin autre que le Bordeaux ne peut être transporté par voie fluviale. Si le vin est interdit, les eaux-de-vie ne le sont pas, et c'est ainsi que l'on commence à distiller de manière importante les vins dans la région de Gascogne. Les Hollandais achètent dès lors en Armagnac des grandes quantités d'alcool servant à enrichir et à stabiliser les vins dont ils fournissent les peuples du Nord de l'Europe. L'Armagnac devient alors un véritable produit commercial qui subit les fluctuations des années, bonnes ou mauvaises. Pour lisser la qualité, on décidera de mettre en réserve l'eau-de-vie dans des fûts de bois. On découvrira alors les bénéfices de l'élevage : couleur, rondeur et arômes.
Terroir & cépages
Les sols cognaçais sont connus pour être très calcaires tandis que le terroir armagnacais est plus divers : principalement sableux, certains zones sont également argilo-calcaires et argilo-siliceuses.
En termes d'encépagement, l'ugni blanc représente 98% des vignes Cognaçaises. Il dispose d'une acidité élevée et d'une faible teneur en sucre correspondant aux critères recherchés pour la distillation. Il peut être complété par d'autres raisins comme le Colombard, la Folle blanche et quelques autres très minoritaires.
L'Armagnac dispose quant à lui d'une composition plus variée : si l'Ugni blanc est également très présent (55%), 9 autres cépages peuvent être utilisés dont notamment le Baco (35%) ou encore la Folle Blanche et le Colombard. Cette diversité est due à la tradition viticole de la région qui produit également des vins de dégustation tandis que la région de Cognac ne produit que du vin destiné à la distillation.
La distillation
Pour obtenir un cognac, une double distillation dans des alambics à repasse en cuivre (appelés alambics charentais) est obligatoire.
Si l'Armagnac peut également utiliser cette méthode, les distillateurs de la région utilisent en énorme majorité des alambics à colonne courte permettant une distillation unique en continu.
Nous ne rentrerons pas ici dans des considérations trop techniques mais il est important de retenir qu'aucune méthode ne peut être jugée plus qualitative que l'autre. En effet, lorsqu'il s'agit d'obtenir une eau-de-vie de qualité, les éléments clés restent avant tout la qualité du raisin et le savoir-faire du distillateur.
Marqueurs gustatifs & mentions d'âge
Si des marqueurs existent pour ces deux spiritueux, il peut néanmoins être complexe pour des dégustateurs (même professionnels) de distinguer à l'aveugle un Cognac d'un Armagnac, particulièrement pour ceux ayant subi de longs élevages en fûts de chêne. Il n'y a donc aucune honte s'il vous est déjà arrivé de confondre les deux !
Le Cognac est généralement identifié par des arômes de raisins secs ou de violette. Pour l'Armagnac, le pruneau et des arômes floraux plus prononcés peuvent permettre son identification. Plus ces eaux-de-vie prennent de l'âge, plus elles tendront vers des aromatiques communes de fruits confits et d'écorce d'orange.
Enfin, s'il est commun de produire des Armagnacs millésimés (portant la mention d'une année de récolte précise), c'est une chose beaucoup moins courante pour le Cognac. Il est également à noter que chacune des eaux-de-vie peut porter des mentions garantissant un nombre d'années d'élevage :
Que choisir ?
Si plusieurs éléments rassemblent Cognac et Armagnac, de nombreuses différences les caractérisent également, nous permettant de profiter de deux eaux-de-vie d'un caractère unique et représentant le savoir-faire français à travers le monde.
Certains apprécieront peut-être un Cognac XO à l'aromatique riche et complexe. D'autres préfèreront l'aspect floral, fougueux et parfumé d'un Armagnac jeune. Une seule solution pour savoir ce que vous aimez : la dégustation.
Pour ces spiritueux, La Cave Éclairée travaille avec deux maisons d'exception : les Cognacs Guy Lhéraud ainsi que les Armagnacs Baron Gaston Legrand.
N'hésitez pas à faire appel à nos services pour vous conseiller !
2 commentaires
Merci pour cet article simple d’accès et très complet !
le dossier sur l’armagnac et le cognac est très instructif.
bravo et merci